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— Eh ! mon père, laissez cet homme jouer son rôle… Vous ne le connaissez pas. Ne me forcez point à parler par respect pour vous.

— Il est votre mari, reprit le vieillard. Il est le père de votre enfant.

Flavie s’était redressée, frémissante.

— Non, non, il n’est pas le père de mon enfant… À la fin, je vous dirai tout. Cet homme n’est pas même un séducteur, car ce serait une excuse au moins, s’il m’avait aimée. Cet homme s’est simplement vendu et a consenti à couvrir la faute d’un autre.

Le baron se tourna vers Nantas, qui, livide, reculait.

— Entendez-vous, mon père ! reprenait Flavie avec plus de force, il s’est vendu, vendu pour de l’argent… Je ne l’ai jamais aimé, il ne m’a jamais touchée du bout de ses doigts… J’ai voulu vous épargner une grande douleur, je l’ai acheté afin qu’il vous mentît… Regardez-le, voyez si je dis la vérité.

Nantas se cachait la face entre les mains.

— Et, aujourd’hui, continua la jeune femme, voilà qu’il veut que je l’aime… Il s’est mis à genoux et il a pleuré. Quelque comédie sans doute. Pardonnez-moi de vous avoir trompé,