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Lorsque Nantas accusa Flavie d’avoir un amant, le baron, qui traitait encore sa fille mariée avec la sévérité qu’il avait pour elle à dix ans, s’avança de son pas de vieillard solennel.

— Je vous jure qu’elle sort de chez son amant, répétait Nantas, et vous la voyez ! elle est là qui me brave.

Flavie, dédaigneuse, avait tourné la tête. Elle arrangeait ses manchettes, que la brutalité de son mari avait froissées. Pas une rougeur n’était montée à son visage. Cependant, son père lui parlait.

— Ma fille, pourquoi ne vous défendez-vous pas ? Votre mari dirait-il la vérité ? Auriez-vous réservé cette dernière douleur à ma vieillesse ?… L’affront serait aussi pour moi ; car, dans une famille, la faute d’un seul membre suffit à salir tous les autres.

Alors, elle eut un mouvement d’impatience. Son père prenait bien son temps pour l’accuser ! Un instant encore, elle supporta son interrogatoire, voulant lui épargner la honte d’une explication. Mais, comme il s’emportait à son tour, en la voyant muette et provocante, elle finit par dire :