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d’une faiblesse d’enfant, refusait ! Il lui serrait les bras, il répétait d’une voix rauque :

— Je veux… Je veux…

— Et moi je ne veux pas, disait Flavie toute blanche et raidie dans sa volonté.

La lutte continuait, lorsque le baron Danvilliers ouvrit la porte. À sa vue, Nantas lâcha Flavie et s’écria :

— Monsieur, voici votre fille qui revient de chez son amant… Dites-lui donc qu’une femme doit respecter le nom de son mari, même lorsqu’elle ne l’aime pas et que la pensée de son propre honneur ne l’arrête plus.

Le baron, très vieilli, restait debout sur le seuil, devant cette scène de violence. C’était pour lui une surprise douloureuse. Il croyait le ménage uni, il approuvait les rapports cérémonieux des deux époux, pensant qu’il n’y avait là qu’une tenue de convenance. Son gendre et lui étaient de deux générations différentes ; mais, s’il était blessé par l’activité peu scrupuleuse du financier, s’il condamnait certaines entreprises qu’il traitait de casse-cou, il avait dû reconnaître la force de sa volonté et sa vive intelligence. Et, brusquement, il tombait dans ce drame, qu’il ne soupçonnait pas.