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fait confortable en étalant un tapis de carpette sous la table ronde, exhalait cette odeur indéfinissable que l’on retrouve dans tous les hôtels meublés. Elle sentait le renfermé, le moisi, un vague parfum de vieux linge, d’étoffes usées, de poussière humide. Grande, délabrée, glaciale, elle ressemblait à une salle commune où tout le monde serait venu sans que personne y laissât un peu de son cœur et de ses habitudes ; elle avait la banalité vide, la nudité bête d’un dortoir de caserne. Jeunes et vieux, hommes et femmes s’étaient couchés pour une nuit dans ce lit étroit qui restait froid comme une banquette d’antichambre. Bien des chagrins, bien des joies avaient peut-être vécu là pendant quelques heures, mais la pièce n’avait rien gardé des larmes et des rires qui devaient l’avoir traversée. Sa vulgarité, son ombre, son silence étaient pleins d’une sorte de tristesse honteuse, de cette tristesse écœurée qu’ont les alcôves des filles misérables dans lesquelles passent les baisers de tout un quartier. En cherchant, on eût trouvé, au fond d’une tasse de la cheminée, un bâton de cosmétique oublié par un commis voyageur joli garçon, et, derrière une autre tasse, quelques épingles à cheveux qui avaient attaché le chignon d’une dame du quartier Latin égarée à Mantes.

Guillaume rêvait une solitude plus tiède, une retraite plus digne. Il fut navré un moment à la vue de cette chambre ignoble ; mais il n’avait pas le choix, et, d’ailleurs, il trouvait ce qu’il désirait : une pièce inconnue, un trou où personne ne pouvait venir troubler sa paix. Il se remit peu à peu, et finit même par sourire en songeant qu’ils avaient quitté la Noiraude pour venir coucher dans un pareil taudis. Il s’était assis devant le feu. Il attira sur ses genoux Madeleine, qui tendait toujours ses pieds à la flamme, absorbée, ne voyant rien autour d’elle.

— Tu es lasse, ma pauvre Madeleine ? lui demanda-t-il d’une voix caressante.

— Non, répondit-elle… J’ai pris froid en montant ici… Je vais me chauffer les pieds avant de me coucher.