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doucement dans ses bras. La jeune femme s’éveilla en sursaut et se jeta sur sa poitrine, comme pour s’y réfugier et lui dire : « Je suis à toi. » Ce furent de longs baisers, des étreintes passionnées. Ils semblaient tous deux avoir besoin de se livrer, de se posséder, pour croire à la force de leur union.

Dès l’après-midi, Guillaume s’occupa des formalités du mariage. Lorsque, le soir, il annonça à Geneviève qu’il allait épouser une jeune dame des environs, la protestante le regarda de ses yeux méchants.

— Cela vaudra mieux, lui dit-elle.

Il comprit qu’elle savait tout. On l’avait sans doute aperçu avec Madeleine, et les bavardages devaient aller bon train dans le pays. Le mot de Geneviève lui fit encore presser le jour des noces. Quelques semaines suffirent. Les amants se marièrent au commencement de l’hiver, presque secrètement. Cinq ou six curieux de Véteuil les regardèrent seuls monter en voiture à la sortie de la mairie et de l’église. Lorsqu’ils furent rentrés à la Noiraude, ils s’enfermèrent après avoir remercié leurs témoins. Ils étaient chez eux, liés à jamais.