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s’endormait. Les amants voulurent aller une dernière fois à la Source. Ils trouvèrent leur solitude bien désolée. Une pluie de feuilles jaunes jonchait l’herbe ; les murailles de verdure tombaient ; la rotonde, ouverte à tous les yeux, n’était plus formée que par les troncs maigres des arbres dont les branches hautes détachaient leur lamentable nudité sur le ciel gris. Le petit lac, la source elle-même se ternissaient, salis par les derniers orages. Guillaume comprit que l’hiver approchait, et qu’il leur fallait cesser leurs promenades. Il rêvait tristement à cette mort de l’été en regardant Madeleine. La jeune femme, assise en face de lui, songeuse, cassait les bouts de bois mort dont le gazon était semé.

Depuis la veille, Guillaume voulait offrir à sa maîtresse de l’épouser. Cette idée de mariage immédiat lui était venue dans une ferme, en voyant Madeleine caresser un de ces bambins qu’elle adorait. Il avait songé que si jamais elle devenait enceinte, il aurait un bâtard pour fils. Ses souvenirs d’enfance l’épouvantaient toujours à ce mot de bâtard.

D’ailleurs, tout le poussait fatalement au mariage. Comme il le disait autrefois à Jacques, il devait aimer une seule femme, la première qu’il rencontrerait ; il devait l’aimer de son être entier, et s’en tenir à cet amour, par haine du changement, par terreur de l’inconnu. Il s’était endormi dans la tendresse de Madeleine ; maintenant qu’il avait chaud, qu’il se trouvait bien dans cette tendresse, il comptait y rester à jamais. Son esprit lent, sa douceur se plaisaient à penser : « J’ai un gîte où je me suis réfugié pour la vie. » Le mariage légitimerait simplement une union qu’il regardait déjà comme éternelle.

L’idée qu’il pouvait avoir un fils, lui fit seulement désirer de hâter un dénouement prévu. Puis, l’hiver venait, il aurait froid, seul au fond de son grand château désert, il ne vivrait plus ses journées dans l’haleine chaude de son amante. Pendant ces longs mois glacés, il lui faudrait courir sous la pluie pour aller frapper à la porte de Made-