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— Il ne fait rien, mais il travaille du matin au soir, dit Adèle. Jamais il ne veut m’écouter et se reposer une bonne fois.

— C’est vrai, reprit-il, le repos me rend malade, il faut que je m’occupe. »

Il s’était levé, s’était traîné un instant, puis avait fini par se rasseoir devant la petite table, sur laquelle anciennement sa femme faisait des aquarelles. Et il examinait une feuille de papier, où justement les premiers tons d’une aquarelle se trouvaient jetés. C’était une de ces œuvres de pensionnaire, un ruisseau faisant tourner les roues d’un moulin, avec un rideau de peupliers et un vieux saule. Rennequin, qui se penchait derrière lui, se mit à sourire, devant la maladresse enfantine du dessin et des teintes, un barbouillage presque comique.

« C’est drôle », murmura-t-il.

Mais il se tut, en voyant Adèle le regarder fixement. D’un bras solide, sans appui-main, elle venait d’ébaucher toute une figure, enlevant du coup le morceau, avec une carrure magistrale :

« N’est-ce pas que c’est joli, ce moulin ? dit complaisamment Ferdinand, toujours penché sur la feuille de papier, bien sage à cette place de petit garçon. Oh ! vous savez, j’étudie, pas davantage. »

Et Rennequin resta saisi. Maintenant, c’était Ferdinand qui faisait les aquarelles.