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main extraordinaire. Rennequin la regardait depuis un instant, lorsqu’il demanda :

« Et Ferdinand ? il est sorti ?

— Mais non, il est là », répondit Adèle en désignant un coin de l’atelier, du bout de son pinceau.

Ferdinand était là, en effet, allongé sur un divan, où il sommeillait. La voix de Rennequin l’avait réveillé ; mais il ne le reconnaissait pas, la pensée lente, très affaibli.

« Ah ! c’est vous, quelle bonne surprise ! » dit-il enfin.

Et il donna une molle poignée de main, en faisant un effort pour se mettre sur son séant. La veille, sa femme l’avait encore surpris avec une petite fille, qui venait laver la vaisselle ; et il était très humble, la mine effarée, accablé et ne sachant que faire pour gagner sa grâce. Rennequin le trouva plus vidé, plus écrasé qu’il ne s’y attendait. Cette fois, l’anéantissement était complet, et il éprouva une grande pitié pour le pauvre homme. Voulant voir s’il réveillerait en lui un peu de la flamme d’autrefois, il lui parla du beau succès de L’Étude, au dernier Salon.

« Ah ! mon gaillard, vous remuez encore les masses… On parle de vous là-bas, comme aux premiers jours. »

Ferdinand le regardait d’un air hébété. Puis, pour dire quelque chose :

« Oui, je sais, Adèle m’a lu des journaux. Mon tableau est très bien, n’est-ce pas ?… Oh ! je travaille, je travaille