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juillet, il eut l’idée d’aller passer quelques jours à Mercœur. Depuis le Salon, d’ailleurs, il éprouvait la plus violente envie de revoir le ménage. C’était pour lui l’occasion de constater sur les faits s’il avait raisonné juste.

Quand il se présenta chez les Sourdis, par une brûlante après-midi, le jardin dormait sous ses ombrages. La maison, et jusqu’aux plates-bandes, avaient une propreté, une régularité bourgeoise, qui annonçaient beaucoup d’ordre et de calme. Aucun bruit de la petite ville n’arrivait dans ce coin écarté, les rosiers grimpants étaient pleins d’un bourdonnement d’abeilles. La bonne dit au visiteur que Madame était à l’atelier.

Quand Rennequin ouvrit la porte, il aperçut Adèle peignant debout, dans cette attitude où il l’avait surprise une première fois, bien des années auparavant. Mais, aujourd’hui, elle ne se cachait plus. Elle eut une légère exclamation de joie, et voulut lâcher sa palette. Mais Rennequin se récria :

« Je m’en vais si tu te déranges… Que diable ! traite-moi en ami. Travaille, travaille ! »

Elle se laissa faire violence, en femme qui connaît le prix du temps.

« Eh bien ! puisque vous le permettez !… Vous savez, on n’a jamais une heure de repos. »

Malgré l’âge qui venait, malgré l’obésité dont elle était de plus en plus envahie, elle menait toujours rudement la besogne, avec une sûreté de