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les compositions à la mine de plomb, puis elle les reporterait sur les toiles, où elle les mettrait au carreau et les peindrait, sous ses ordres. Dès lors, les choses marchèrent ainsi, il n’y eut plus un seul coup de pinceau donné par lui dans les œuvres qu’il signait. Adèle exécutait tout le travail matériel, et il restait simplement l’inspirateur, il fournissait les idées, des crayonnages, parfois incomplets et incorrects, qu’elle était obligée de corriger, sans le lui dire. Depuis longtemps, le ménage travaillait surtout pour l’exportation. Après le grand succès remporté en France, des commandes étaient venues, surtout de Russie et d’Amérique ; et, comme les amateurs de ces pays lointains ne se montraient pas difficiles, comme il suffisait d’expédier des caisses de tableaux et de toucher l’argent, sans avoir jamais un ennui, les Sourdis s’étaient peu à peu entièrement donnés à cette production commode. D’ailleurs, en France, la vente avait baissé. Lorsque, de loin en loin, Ferdinand envoyait un tableau au Salon, la critique l’accueillait avec les mêmes éloges : c’était un talent classé, consacré, pour lequel on ne se battait plus, et qui avait pu glisser peu à peu à une production abondante et médiocre, sans déranger les habitudes du public et des critiques. Le peintre était resté le même pour le plus grand nombre, il avait simplement vieilli et cédé la place à des réputations plus turbulentes. Seulement, les acheteurs finissaient par se déshabituer