Page:Zola - Madame Sourdis, 1929.djvu/69

Cette page n’a pas encore été corrigée

On souriait discrètement, en ne voyant là que la galanterie d’un mari amoureux. Mais, si l’on avait le malheur de montrer qu’on estimait beaucoup Mme Sourdis, mais qu’on ne croyait pas à son talent d’artiste, il s’emportait, il entrait dans de grandes théories sur les tempéraments et le mécanisme de la production ; discussions qu’il terminait toujours par ce cri :

« Quand je vous dis qu’elle est plus forte que moi ! Est-ce étonnant que personne ne veuille me croire ! »

Le ménage était très uni. Sur le tard, l’âge et sa mauvaise santé avaient beaucoup calmé Ferdinand. Il ne pouvait plus boire, tellement son estomac se détraquait au moindre excès. Les femmes seules l’emportaient encore dans des coups de folie qui duraient deux ou trois jours. Mais, quand le ménage vint s’installer complètement à Mercœur, le manque d’occasions le força à une fidélité presque absolue. Adèle n’eut plus à craindre que de brusques bordées avec les bonnes qui la servaient. Elle s’était bien résignée à n’en prendre que de très laides ; seulement, cela n’empêchait pas Ferdinand de s’oublier avec elles, si elles y consentaient. C’étaient, chez lui, par certains jours d’énervement physique, des perversions, des besoins qu’il aurait contentés, au risque de tout détruire. Elle en était quitte pour changer de domestique, chaque fois qu’elle croyait s’apercevoir d’une intimité trop grande avec Monsieur.