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sur la porte, et s’étant permis d’entrer sans frapper, il resta stupéfait. Ferdinand n’y était pas. Devant un chevalet, Adèle terminait vivement un tableau dont les journaux s’occupaient déjà. Elle était si absorbée qu’elle n’avait pas entendu la porte s’ouvrir, ne se doutant pas d’ailleurs que la bonne venait, en rentrant, d’oublier sa clé dans la serrure. Et Rennequin, immobile, put la regarder une grande minute. Elle abattait la besogne avec une sûreté de main qui indiquait une grande pratique. Elle avait sa facture adroite, courante, cette mécanique bien réglée dont justement il parlait la veille. Tout d’un coup, il comprit, et son saisissement fut tel, il sentit si bien son indiscrétion, qu’il essaya de sortir pour frapper. Mais, brusquement, Adèle tourna la tête.

« Tiens ! c’est vous, cria-t-elle. Vous étiez là, comment êtes-vous entré ? »

Et elle devint très rouge. Rennequin, embarrassé lui-même, répondit qu’il arrivait à peine. Puis, il eut conscience que, s’il ne parlait pas de ce qu’il venait de voir, la situation serait plus gênante encore.

« Hein ? la besogne presse, dit-il de son air le plus bonhomme. Tu donnes un petit coup de main à Ferdinand. »

Elle avait repris sa pâleur de cire. Elle répondit tranquillement :

« Oui, ce tableau devrait être livré depuis