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avait pris la facture de son mari. Elle avait ce génie de démonter le métier des autres et de s’y glisser. D’autre part, les tableaux de Ferdinand prenaient une odeur vague de puritanisme, une correction bourgeoise qui blessait le vieux maître. Lui qui avait salué dans son jeune ami un talent libre, il était irrité de ses raideurs nouvelles, du certain air pudibond et pincé qu’affectait maintenant sa peinture. Un soir, dans une réunion d’artistes, il s’emporta, en criant :

« Ce diable de Sourdis tourne au calotin… Avez-vous vu sa dernière toile ? Il n’a donc pas de sang dans les veines, ce bougre-là ! Les filles l’ont vidé. Eh ! oui, c’est l’éternelle histoire, on se laisse manger le cerveau par quelque bête de femme… Vous ne savez pas ce qui m’embête, moi ? c’est qu’il fasse toujours bien. Parfaitement ! vous avez beau rire ! Je m’étais imaginé que, s’il tournait mal, il finirait dans un gâchis absolu, vous savez, un gâchis superbe d’homme foudroyé. Et pas du tout, il semble avoir trouvé une mécanique qui se règle de jour en jour et qui le mène à faire plat, couramment… C’est désastreux. Il est fini, il est incapable du mauvais. »

On était habitué aux sorties paradoxales de Rennequin, et l’on s’égaya. Mais lui se comprenait ; et, comme il aimait Ferdinand, il éprouvait une réelle tristesse.

Le lendemain, il se rendit rue d’Assas. Trouvant la clé