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Certainement, elle lui rendit alors le plus grand service ; car, sans cette volonté qui le maintenait, il se serait abandonné, il n’aurait pas produit les œuvres qu’il donna pendant plusieurs années. Elle était le meilleur de sa force, son guide et son soutien. Sans doute, cette crainte qu’elle lui inspirait ne l’empêchait pas de retomber parfois dans ses anciens désordres ; comme elle ne satisfaisait pas ses vices, il s’échappait, courait les basses débauches, revenait malade, hébété pour trois ou quatre jours. Mais, chaque fois, c’était une arme nouvelle qu’il lui donnait, elle montrait un mépris plus haut, l’écrasait de ses regards froids, et pendant une semaine alors il ne quittait plus son chevalet. Elle souffrait trop comme femme, lorsqu’il la trahissait, pour désirer une de ces escapades, qui le lui ramenaient si repentant et si obéissant. Cependant, quand elle voyait la crise se déclarer, lorsqu’elle le sentait travaillé de désirs, les yeux pâles, les gestes fiévreux, elle éprouvait une hâte furieuse à ce que la rue le lui rendît souple et inerte, comme une pâte molle qu’elle travaillait à sa guise, de ses mains courtes de femme volontaire et sans beauté. Elle se savait peu plaisante, avec son teint plombé, sa peau dure et ses gros os ; et elle se vengeait sourdement sur ce joli homme, qui redevenait à elle, quand les belles filles l’avaient anéanti. D’ailleurs, Ferdinand vieillissait vite ; des rhumatismes l’avaient pris ;