Page:Zola - Madame Sourdis, 1929.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un seul, mais un homme brutal, qui se faisait exécrer par sa façon tranquille de dire la vérité, osa écrire que, si le peintre continuait à compliquer et à amollir sa facture, il ne lui donnait pas cinq ans pour gâter les précieux dons de son originalité.

Rue d’Assas, on était bien heureux. Ce n’était plus le coup de surprise du premier succès, mais comme une consécration définitive, un classement parmi les maîtres du jour. En outre, la fortune arrivait, des commandes se produisaient de tous côtés, les quelques bouts de toile que le peintre avait chez lui furent disputés à coups de billets de banque ; et il fallut se mettre au travail.

Adèle garda toute sa tête, dans cette fortune. Elle n’était pas avare, mais elle avait été élevée à cette école de l’économie provinciale, qui connaît le prix de l’argent, comme on dit. Aussi se montra-t-elle sévère et tint-elle la main à ce que Ferdinand ne manquât jamais aux engagements qu’il prenait. Elle inscrivait les commandes, veillait aux livraisons, plaçait l’argent. Et son action, surtout, s’exerçait sur son mari, qu’elle menait à coups de férule.

Elle avait réglé sa vie, tant d’heures de travail par jour, puis des récréations. Jamais d’ailleurs elle ne se fâchait, c’était toujours la même femme silencieuse et digne ; mais il s’était si mal conduit, il lui avait laissé prendre une telle autorité, que, maintenant, il tremblait devant elle.