Page:Zola - Madame Sourdis, 1929.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée

de Ferdinand le déroutait, car jamais il ne l’aurait cru si habile, et il trouvait dans le tableau quelque chose de nouveau qu’il n’attendait pas. Pourtant, sans le dire, il préférait La Promenade, certainement plus lâchée, plus rude, mais plus personnelle. Dans Le Lac, le talent s’était affermi et élargi, et l’œuvre toutefois le séduisait moins, parce qu’il y sentait un équilibre plus banal, un commencement au joli et à l’entortillé. Cela ne l’empêcha pas de s’en aller, en répétant :

« Étonnant, mon cher… Vous allez avoir un succès fou. »

Et il avait prédit juste. Le succès du Lac fut encore plus grand que celui de La Promenade. Les femmes surtout se pâmèrent. Cela était exquis. Les voitures filant dans le soleil avec l’éclair de leurs roues, les petites figures en toilette, des taches claires qui s’enlevaient au milieu des verdures du Bois, charmèrent les visiteurs qui regardent de la peinture comme on regarde de l’orfèvrerie. Et les gens les plus sévères, ceux qui exigent de la force et de la logique dans une œuvre d’art, étaient pris, eux aussi, par un métier savant, une entente très grande de l’effet, des qualités de facture rares. Mais ce qui dominait, ce qui achevait la conquête du grand public, c’était la grâce un peu mièvre de la personnalité. Tous les critiques furent d’accord pour déclarer que Ferdinand Sourdis était en progrès.