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devant le tableau, à causer, à discuter, à le jeter dans une excitation qui lui rendait sa force. Et ce fut ainsi qu’il retravailla la toile, qu’il revint sur le travail d’Adèle, en lui donnant les vigueurs de touche et les notes originales qui manquaient. C’était peu de chose et ce fut tout. L’œuvre vivait maintenant.

La joie de la jeune femme fut grande. L’avenir de nouveau était souriant. Elle aiderait son mari, puisque les longs travaux le fatiguaient. Ce serait une mission plus intime, dont les bonheurs secrets l’emplissaient d’espoir. Mais, en plaisantant, elle lui fit jurer de ne pas révéler sa part de travail ; ça ne valait pas la peine, ça la gênerait. Ferdinand promit en s’étonnant. Il n’avait pas de jalousie artistique contre Adèle, il répétait partout qu’elle savait son métier de peintre beaucoup mieux que lui, ce qui était vrai.

Quand Rennequin vint voir Le Lac, il resta longtemps silencieux. Puis, très sincèrement, il fit de grands compliments à son jeune ami.

« C’est à coup sûr plus complet que La Promenade, dit-il, les fonds ont une légèreté et une finesse incroyables et les premiers plans s’enlèvent avec beaucoup de vigueur… Oui, oui, très bien, très original… »

Il était visiblement étonné, mais il ne parla pas de la véritable cause de sa surprise. Ce diable