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elle lui tendit la main, en lui disant d’un air de bonne camaraderie :

« Voulez-vous m’épouser, Ferdinand ?… C’est encore moi qui serai votre obligée, car vous savez que je suis une ambitieuse ; oui, j’ai toujours rêvé la gloire, et c’est vous qui me la donnerez. »

Il balbutiait, ne se remettait pas de cette offre brusque ; tandis que, tranquillement, elle achevait de lui exposer son projet, longtemps mûri. Puis, elle se fit maternelle, en exigeant de lui un seul serment : celui de se bien conduire. Le génie ne pouvait aller sans l’ordre. Et elle lui donna à entendre qu’elle connaissait ses débordements, que cela ne l’arrêtait pas, mais qu’elle entendait le corriger. Ferdinand comprit parfaitement quel marché elle lui offrait : elle apportait l’argent, il devait apporter la gloire. Il ne l’aimait pas, il éprouvait même à ce moment un véritable malaise, à l’idée de la posséder. Cependant, il tomba à genoux, il la remercia, et il ne trouva que cette phrase, qui sonna faux à ses oreilles :

« Vous serez mon bon ange. »

Alors, dans sa froideur, elle fut emportée par un grand élan ; elle le prit dans une étreinte et le baisa au visage, car elle l’aimait, séduite par sa beauté de jeune blond. Sa passion endormie se réveillait. Elle faisait là une affaire où ses désirs longtemps refoulés trouvaient leur compte.

Trois semaines plus tard, Ferdinand Sourdis