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choses. Adèle ne le tentait pas du tout. Il avait des habitudes de vices qu’il contentait ailleurs et très largement, ce qui le laissait très froid près de cette petite bourgeoise, dont l’embonpoint jaune lui était même désagréable. Il la traitait simplement en artiste, en camarade. Quand ils causaient, ce n’était jamais que sur la peinture. Il s’enflammait, il rêvait tout haut de Paris, s’emportant contre la misère qui le clouait à Mercœur. Ah ! s’il avait eu de quoi vivre, comme il aurait planté là le collège ! Le succès lui semblait certain. Cette misérable question de l’argent, de la vie quotidienne à gagner, le jetait dans des rages. Et elle l’écoutait, très grave, ayant l’air, elle aussi, d’étudier la question, de peser les chances du succès. Puis, sans jamais s’expliquer davantage, elle lui disait d’espérer.

Brusquement, un matin, on trouva le père Morand mort dans sa boutique. Une attaque d’apoplexie l’avait foudroyé, comme il déballait une caisse de couleurs et de pinceaux. Quinze jours se passèrent. Ferdinand avait évité de troubler la douleur de la fille et de la mère. Quand il se présenta de nouveau, rien n’avait changé. Adèle peignait, en robe noire ; Mme Morand restait dans sa chambre, à sommeiller. Et les habitudes reprirent, les causeries sur l’art, les rêves de triomphe à Paris. Seulement, l’intimité des jeunes gens était plus grande. Mais jamais une familiarité tendre, jamais