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C’est toi, avec de la puissance… Ah ! c’est de ce jeune homme ; eh bien ! il a du talent, et beaucoup. Un tableau pareil aurait un grand succès au Salon. »

Rennequin dînait le soir avec les Morand, honneur qu’il leur faisait à chacun de ses voyages. Il parla peinture toute la soirée, revenant plusieurs fois sur Ferdinand Sourdis, qu’il se promettait de voir et d’encourager. Adèle, silencieuse, l’écoutait parler de Paris, de la vie qu’il y menait, des triomphes qu’il y obtenait ; et, sur son front pâle de jeune fille réfléchie, une ride profonde se creusait, comme si une pensée entrait et se fixait là, pour n’en plus sortir. Le tableau de Ferdinand fut encadré et exposé dans la vitrine, où les demoiselles Lévêque vinrent le voir ; mais elles ne le trouvèrent pas assez fini et le Polonais, très inquiet, répandit dans la ville que c’était de la peinture d’une nouvelle école, qui niait Raphaël. Pourtant, le tableau eut du succès ; on trouvait ça joli, les familles venaient en procession reconnaître les collégiens qui avaient posé. La situation de Ferdinand au collège n’en fut pas meilleure. Des professeurs se scandalisaient du bruit fait autour de ce « pion », assez peu moral pour prendre comme modèles les enfants dont on lui confiait la surveillance. On le garda cependant, en lui faisant promettre d’être plus sérieux à l’avenir. Quand Rennequin l’alla voir pour le complimenter,