quelques autres artistes dont elle aimait les œuvres. Seulement, il y avait dans ce nouveau tempérament qu’elle ne connaissait pas, un accent personnel qui la surprenait.
« Eh bien ! demanda le père Morand, debout derrière elle, attendant sa décision. Qu’en penses-tu ? »
Elle regardait toujours. Enfin, elle murmura, hésitante et prise pourtant :
« C’est drôle… C’est très joli… »
Elle revint plusieurs fois devant la toile, l’air sérieux. Le lendemain, comme elle l’examinait encore, Rennequin, qui se trouvait justement à Mercœur, entra dans la boutique et poussa une légère exclamation :
« Tiens ! qu’est-ce que c’est que ça ? »
Il regardait, stupéfait. Puis, attirant une chaise, s’asseyant devant la toile, il détailla le tableau, il s’enthousiasma peu à peu.
« Mais c’est très curieux !… Le ton est d’une finesse et d’une vérité… Voyez donc les blancs des chemises qui se détachent sur le vert… Et original ! une vraie note !… Dis donc, fillette, ce n’est pas toi qui as peint ça ? »
Adèle écoutait, rougissant, comme si on lui avait fait à elle-même ces compliments. Elle se hâta de répondre :
« Non, non. C’est ce jeune homme, vous savez, celui qui est au collège.
— Vrai, ça te ressemble, continuait le peintre.