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et je les vois aux bras de leur père. Je sais avec quel soin jaloux, par quel miracle de délicatesse, vous les avez tenus dans une complète ignorance. Ils croyaient leur père en voyage ; puis leur intelligence avaient fini par s’éveiller, ils devenaient exigeants, questionnaient, voulaient des explications à une si longue absence. Que leur dire, lorsque le martyr était encore là-bas, dans la tombe scélérate, lorsque la preuve de son innocence n’était faite que pour quelques rares croyants ? Votre cœur a dû se briser affreusement. Mais, dans ces dernières semaines, lorsque son innocence a éclaté pour tous, d’un flamboiement de soleil, j’aurais voulu que vous les prissiez tous