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pourquoi nous lui élevons un autel dans nos cœurs, n’ayant à lui donner rien de plus pur ni de plus précieux que ce culte de fraternité émue. Il est devenu un héros, plus grand que les autres parce qu’il a plus souffert. La douleur injuste l’a sacré, il est entré, auguste, épuré désormais, dans ce temple de l’avenir, où sont les dieux, ceux dont les images touchent les cœurs, y font pousser une éternelle floraison de bonté. Les lettres impérissables qu’il vous a écrites, madame, resteront comme le plus beau cri d’innocence torturée, qui soit sorti d’une âme. Et si, jusqu’ici, aucun homme n’a été foudroyé par un destin plus tragique, il n’en est pas qui soit aujourd’hui monté plus haut dans le respect et dans l’amour des