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chaque visiteur d’une révérence. Dans la nuit, il avait eu un accès de fièvre, il en grelottait encore, très jaune, les yeux brûlants et inquiets. Et il jetait sur Pierre de continuels regards, comme dévoré du désir de lui parler ; mais la terreur d’être vu de l’abbé Paparelli, par la porte grande ouverte de l’antichambre voisine, combattait sans doute ce désir, car il ne cessait aussi de guetter le caudataire. Enfin, celui-ci dut s’absenter un moment, don Vigilio s’approcha du prêtre.

— Vous avez vu Sa Sainteté hier soir.

Stupéfait, Pierre le regarda.

— Oh ! tout se sait, je vous l’ai déjà dit… Et qu’avez-vous fait ? Vous avez purement et simplement retiré votre livre ; n’est-ce pas ?

La stupeur grandissante du prêtre le renseigna, sans qu’il lui laissât même le temps de répondre.

— Je m’en doutais, mais je tenais à en avoir la certitude….Ah ! que tout cela est bien leur œuvre ! Me croyez-vous maintenant, êtes-vous convaincu que ceux qu’ils n’empoisonnent pas, ils les étouffent ?

Il devait parler des Jésuites. Prudemment, il allongea la tête, s’assura que l’abbé Paparelli n’était point de retour.

— Et monsignor Nani, que vient-il de vous dire ?

— Pardon, finit par répondre Pierre, je n’ai pas encore vu monsignor Nani.

— Ah ! je croyais… Il a passé par cette salle, avant votre arrivée. Si vous ne l’avez pas vu dans la salle du trône, c’est qu’il a dû se rendre près de donna Serafina et de Son Éminence, pour les saluer. Il va sûrement repasser par ici, vous allez le voir.

Puis, avec son amertume de faible, toujours terrorisé et vaincu :

— Je vous avais bien prédit que vous finiriez par faire ce qu’il voudrait.

Mais il crut entendre le léger piétinement de l’abbé