Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/665

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas ralenti, avec des visages de deuil, s’agenouillaient, priaient pendant quelques minutes, puis sortaient, de la même allure muette et désolée. Et Pierre eut un serrement de cœur, quand il vit arriver ainsi la mère de Dario, la toujours belle Flavia, accompagnée correctement de son mari, le beau Jules Laporte, l’ancien sergent de la garde suisse dont elle avait fait un marquis Montefiori. Prévenue dès la mort, elle était venue la veille au soir. Mais elle revenait d’un air de cérémonie, en grand deuil, superbe dans tout ce noir, qui allait très bien à sa majesté de Junon un peu forte. Lorsqu’elle se fut approchée royalement du lit, elle resta un instant debout, avec deux larmes au bord des paupières, qui ne coulaient pas. Puis, au moment de se mettre à genoux, elle s’assura que Jules était bien à son côté, elle lui commanda d’un coup d’œil de s’agenouiller aussi, près d’elle. Tous deux s’inclinèrent au bord de la marche, restèrent là en prière le temps convenable, elle très digne et accablée, lui beaucoup mieux qu’elle encore, d’une désolation parfaite d’homme qui n’était déplacé dans aucune des circonstances de la vie, même les plus graves. Ensuite, tous les deux se relevèrent, disparurent avec lenteur par la porte des appartements, où le cardinal et donna Serafina recevaient la famille et les intimes.

Cinq dames entrèrent à la file, tandis que deux capucins et l’ambassadeur d’Espagne près du Saint-Siège sortaient. Et Victorine, qui se taisait depuis quelques minutes, reprit soudain :

— Ah ! voici la petite princesse, et bien affligée, elle qui aimait tant notre Benedetta !

Pierre, en effet, vit entrer Celia, qui avait pris le deuil, elle aussi, pour cette visite d’abominable adieu. Derrière elle, la femme de chambre, dont elle s’était fait accompagner, tenait, dans chacun de ses bras, une gerbe énorme de roses blanches.