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jour d’abandon, ne trouvant pas la volonté de résister aux siens et à tout le monde, consommant une union dont Rome entière était devenue complice.

Et alors, le soir même des noces, ce fut le coup de foudre. Prada, le Piémontais, l’Italien du Nord et de la conquête, montra-t-il la brutalité de l’envahisseur, voulut-il traiter sa femme comme il avait traité la ville, en maître impatient de se contenter ? Ou bien la révélation de l’acte fut-elle seulement imprévue pour Benedetta, trop salissante de la part d’un homme qu’elle n’aimait pas et qu’elle ne put se résigner à subir ? Jamais elle ne s’expliqua clairement. Mais elle ferma violemment la porte de sa chambre, la verrouilla, refusa avec obstination de la rouvrir à son mari. Pendant un mois, il dut y avoir des tentatives furieuses de Prada, que cet obstacle à sa passion affolait. Il était outragé, il saignait dans son orgueil et dans son désir, jurait de dompter sa femme, comme on dompte une jument indocile, à coups de cravache. Et toute cette rage sensuelle d’homme fort se brisait contre l’indomptable volonté qui avait poussé en un soir, sous le front étroit et charmant de Benedetta. Les Boccanera s’étaient réveillés en elle : tranquillement, elle ne voulait pas ; et rien au monde, pas même la mort, ne l’aurait forcée à vouloir. Puis, c’était chez elle, devant cette brusque connaissance de l’amour, un retour à Dario, une certitude qu’elle devait donner son corps à lui seul, puisque à lui seul elle l’avait promis. Le jeune homme, depuis le mariage qu’il avait dû accepter comme un deuil, voyageait en France. Elle ne s’en cacha même pas, lui écrivit de revenir, s’engagea de nouveau à ne jamais appartenir à un autre. D’ailleurs, sa dévotion avait grandi encore, cet entêtement de garder sa virginité à l’amant choisi se mêlait, dans son culte, à une pensée de fidélité à Jésus. Un cœur ardent de grande amoureuse s’était révélé en elle, prêt au martyre pour la foi jurée. Et quand sa mère, désespérée, la suppliait à mains