horloge, dans une gaine d’ébène incrustée de cuivre, battait lourdement l’heure. La seule curiosité, sous le plafond à rosaces d’or, était la tenture, en damas rouge, semé d’écussons jaunes, les deux clés et la tiare, alternant avec le lion, la griffe posée sur la boule du monde.
Mais monsieur Squadra venait de s’apercevoir que, contrairement à l’étiquette, Pierre tenait encore à la main son chapeau, qu’il aurait dû laisser dans la salle des bussolanti. Seuls les cardinaux ont le droit de garder la barrette. Il prit le chapeau d’un geste discret, le posa lui-même sur la console, pour bien indiquer qu’il devait rester au moins là. Puis, sans un mot toujours, d’une simple révérence, il fit comprendre qu’il allait annoncer le visiteur à Sa Sainteté, et que celui-ci voulût bien attendre un instant dans cette pièce.
Demeuré seul, Pierre respira profondément. Il étouffait, son cœur battait à se rompre. Pourtant sa raison restait claire, il avait très bien jugé dans les demi-ténèbres ces fameux, ces magnifiques appartements du pape, une suite de salons splendides, avec des murs ornés de tapisseries, tendus de soie, des frises dorées et peintes, des plafonds déroulant des fresques. Mais, comme meubles, rien que des consoles, des escabeaux et des trônes ; et les lampes, les pendules, les crucifix, même les trônes, rien que des cadeaux, apportés des quatre coins du monde, aux jours de ferveur des grands jubilés. Pas le moindre confortable, tout cela fastueux, raide, froid et pas commode. L’ancienne Italie était là, avec son continuel gala et son manque de vie intime et tiède. On avait dû jeter quelques tapis sur les admirables dallages de marbre, où les pieds se glaçaient. On avait fini par installer récemment des calorifères, qu’on n’osait d’ailleurs allumer, de peur d’enrhumer le pape. Et ce qui avait frappé Pierre davantage encore, ce qui le pénétrait jusqu’aux os, maintenant qu’il était là, debout, à attendre, c’était ce silence extraordinaire, un silence tel, qu’il n’en avait jamais entendu de