Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/600

Cette page n’a pas encore été corrigée

désolé, toute cette belle joie sonnante du bonheur prochain, qui maintenant gisait là-haut, dans le néant des choses et des êtres ! Il eut le cœur serré si douloureusement, qu’il éclata en gros sanglots, assis à la place même où elle s’était assise, sur le fragment de colonne renversée, dans l’air qu’elle avait respiré et qui paraissait garder son odeur pure de femme adorable.

Tout d’un coup, une horloge au loin sonna six heures. Et Pierre eut un brusque sursaut, en se souvenant que c’était le soir même que le pape devait le recevoir, à neuf heures. Encore trois heures. Il n’y avait pas songé pendant l’effrayante catastrophe, il lui semblait que des mois et des mois s’étaient écoulés, cela revenait en lui comme un très ancien rendez-vous, auquel, après des années d’absence, on arrive vieilli, le cœur et le cerveau changés par des événements sans nombre. Et, péniblement, il reprenait pied. Dans trois heures, il irait au Vatican, il verrait enfin le pape.