grands ramages, et une chambre au papier gris de lin, semé de fleurs bleues décolorées. Mais le salon faisait l’angle du palais, sur la ruelle et sur le Tibre ; et elle était allée tout de suite aux deux fenêtres, l’une ouvrant sur les lointains du fleuve, en aval, l’autre donnant en face sur le Transtévère et sur le Janicule, de l’autre côté de l’eau.
— Ah ! oui, c’est très agréable ! dit Pierre qui l’avait suivie, debout près d’elle.
Giacomo, sans se presser, arriva derrière eux, avec la valise. Il était onze heures passées. Alors, voyant le prêtre fatigué, comprenant qu’il devait avoir très faim, après un tel voyage, Victorine offrit de lui faire servir tout de suite à déjeuner, dans le salon. Ensuite, il aurait l’après-midi pour se reposer ou pour sortir, et il ne verrait ces dames que le soir, au dîner. Il se récria, déclara qu’il sortirait, qu’il n’allait certainement pas perdre un après-midi entier. Mais il accepta de déjeuner, car, en effet, il mourait de faim.
Cependant, Pierre dut patienter une grande demi-heure encore. Giacomo, qui le servait sous les ordres de Victorine, était sans hâte. Et celle-ci, pleine de méfiance, ne quitta le voyageur qu’après s’être assurée qu’il ne manquait réellement de rien.
— Ah ! monsieur l’abbé, quelles gens, quel pays ! Vous ne pouvez pas vous en faire la moindre idée. J’y vivrais cent ans, que je ne m’y habituerais pas… Mais la contessina est si belle, si bonne !
Puis, tout en mettant elle-même sur la table une assiette de figues, elle le stupéfia, quand elle ajouta qu’une ville où il n’y avait que des curés ne pouvait pas être une bonne ville. Cette servante incrédule, si active et si gaie, dans ce palais, recommençait à l’effarer.
— Comment ! vous êtes sans religion ?
— Non, non ! monsieur l’abbé, les curés, voyez-vous, ce n’est pas mon affaire. J’en avais déjà connu un, en