grades. On ajoutait méchamment que la dernière raison qui avait décidé le prince, fort avare, désespéré d’avoir à disperser sa fortune entre ses cinq enfants, était l’occasion heureuse de pouvoir donner à Celia une dot dérisoire. Et, dès lors, le mariage consenti, il avait résolu de célébrer les fiançailles par une fête retentissante, comme on n’en donnait plus que bien rarement à Rome, les portes ouvertes à tous les mondes, les souverains invités, le palais flambant ainsi qu’aux grands jours d’autrefois, quitte à y laisser un peu de cet argent qu’il défendait si âprement, mais voulant par bravoure prouver qu’il n’était pas vaincu et que les Buongiovanni ne cachaient rien, ne rougissaient de rien. À la vérité, on prétendait que cette bravoure superbe ne venait pas de lui, qu’elle lui avait été soufflée, sans même qu’il en eût conscience, par Celia, la tranquille, l’innocente qui désirait montrer son bonheur, au bras d’Attilio, devant Rome entière, applaudissant à cette histoire d’amour qui finissait bien, comme dans les beaux contes de fées.
— Diable ! dit Narcisse, qu’un flot de foule immobilisait, jamais nous n’arriverons en haut. Ils ont donc invité toute la ville !
Et, comme Pierre s’étonnait de voir passer un prélat en carrosse :
— Oh ! vous allez en coudoyer plus d’un. Si les cardinaux n’osent se risquer, à cause de la présence des souverains, la prélature viendra sûrement. Il s’agit d’un salon neutre, où le monde noir et le monde blanc peuvent fraterniser. Puis, les fêtes ne sont pas si nombreuses, on s’y écrase.
Il expliqua qu’en dehors des deux grands bals que la cour donnait par hiver, il fallait des circonstances exceptionnelles pour décider le patriciat à offrir des galas pareils. Deux ou trois salons noirs ouvraient bien encore une fois leurs salons, vers la fin du carnaval. Mais, partout, les petites sauteries intimes remplaçaient les réceptions