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pied, la crainte et la colère finissaient par l’envahir. Après tout, pourquoi pas ? toutes ces histoires extraordinaires devaient être vraies.

— Mais alors donnez-moi un conseil, cria-t-il. Je vous ai justement prié d’entrer chez moi, ce soir, parce que je ne savais plus que faire et que je sentais le besoin d’être remis dans la bonne route.

Il s’interrompit, reprit sa marche violente, comme sous la poussée de sa passion qui débordait.

— Ou bien non ! ne me dites rien, c’est fini, j’aime mieux partir. Cette pensée m’est déjà venue, mais dans une heure de lâcheté, avec l’idée de disparaître, de retourner vivre en paix dans mon coin ; tandis que, maintenant, si je pars, ce sera en vengeur, en justicier, pour crier, de Paris, ce que j’ai vu à Rome, ce qu’on y a fait du christianisme de Jésus, le Vatican tombant en poudre, l’odeur de cadavre qui s’en échappe, l’imbécile illusion de ceux qui espèrent voir un renouveau de l’âme moderne sortir un jour de ce sépulcre, où dort la décomposition des siècles… Oh ! je ne céderai pas, je ne me soumettrai pas, je défendrai mon livre par un nouveau livre. Et, celui-ci, je vous réponds qu’il fera quelque bruit dans le monde, car il sonnera l’agonie d’une religion qui se meurt et qu’il faut se hâter d’enterrer, si l’on ne veut pas que ses restes empoisonnent les peuples.

Ceci dépassait la cervelle de don Vigilio. Le prêtre italien se réveillait en lui, avec sa croyance étroite, sa terreur ignorante des idées nouvelles. Il joignit les mains, épouvanté.

— Taisez-vous, taisez-vous ! ce sont des blasphèmes… Et puis, vous ne pouvez vous en aller ainsi, sans tenter encore de voir Sa Sainteté. Elle seule est souveraine. Et je sais que je vais vous surprendre, mais le père Dangelis, en se moquant, vous a encore donné le seul bon conseil : retournez voir monsignor Nani, car lui seul vous ouvrira la porte du Vatican.