quand le but est la royauté de Dieu même, représentée par celle de son Église. Aussi quel succès foudroyant ! Ils pullulent, ils ne tardent pas à couvrir la terre, à être partout les maîtres incontestés. Ils confessent les rois, ils acquièrent d’immenses richesses, ils ont une force d’envahissement si victorieuse, qu’ils ne peuvent mettre le pied dans un pays, si humblement que ce soit, sans le posséder bientôt, âmes, corps, pouvoir, fortune. Surtout ils fondent des écoles, ils sont des pétrisseurs de cerveau incomparables, car ils ont compris que l’autorité appartient toujours à demain, aux générations qui poussent et dont il faut rester les maîtres, si l’on veut régner éternellement. Leur puissance est telle, basée sur la nécessité d’une transaction avec le péché, qu’au lendemain du concile de Trente, ils transforment l’esprit du catholicisme, le pénètrent et se l’identifient, se trouvent être les soldats indispensables de la papauté, qui vit d’eux et pour eux. Depuis lors, Rome est à eux, Rome où leur général a si longtemps commandé, d’où sont partis si longtemps les mots d’ordre de cette tactique obscure et géniale, aveuglément suivie par leur innombrable armée, dont la savante organisation couvre le globe d’un réseau de fer, sous le velours des mains douces expertes au maniement de la pauvre humanité souffrante. Mais le prodige, en tout cela, était encore la stupéfiante vitalité des Jésuites, sans cesse traqués, condamnés, exécutés, et debout quand même. Dès que leur puissance s’affirme, leur impopularité commence, peu à peu universelle. C’est une huée d’exécration qui monte contre eux, des accusations abominables, des procès scandaleux où ils apparaissent comme des corrupteurs et des malfaiteurs. Pascal les voue au mépris public, des parlements condamnent leurs livres au feu, des universités frappent leur morale et leur enseignement ainsi que des poisons. Ils soulèvent dans chaque royaume de tels troubles, de telles luttes, que la persécution s’organise et qu’on les chasse bientôt
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