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démesuré dans la mort. Sur la hauteur surtout, la noblesse romaine avait son quartier aristocratique, un amas de véritables temples, des figures colossales, des scènes à plusieurs personnages, d’un goût parfois déplorable, mais où des millions avaient dû être dépensés. Et ce qui était charmant, parmi les ifs et les cyprès, c’était l’admirable conservation, la blancheur intacte des marbres, que les étés brûlants doraient, sans une tache de mousse, sans ces balafres de pluie qui rendent si mélancoliques les statues des pays du Nord.

Benedetta, silencieuse, touchée du malaise de Dario, finit par interrompre Pierre, en disant à Celia :

— Et la chasse a été intéressante ?

Au moment où le prêtre était entré, la petite princesse parlait d’une chasse au renard, à laquelle sa mère l’avait conduite.

— Oh ! chère, tout ce qu’il y a de plus intéressant !… Le rendez-vous était pour une heure, là-bas, au tombeau de Cæcilia Metella, où l’on avait installé le buffet, sous une tente. Et un monde, la colonie étrangère, les jeunes gens des ambassades, des officiers, sans compter nous autres naturellement, les hommes en habit rouge, beaucoup de femmes en amazone… Le départ a été donné à une heure et demie, et le galop a duré plus de deux heures, si bien que le renard s’est allé faire prendre très loin, très loin. Je n’ai pas pu suivre, mais j’ai vu tout de même, oh ! des choses extraordinaires, un grand mur que toute la chasse a dû sauter, puis des fossés, des haies, une course folle derrière les chiens… Il y a eu deux accidents, peu de chose, un monsieur qui s’est foulé le poignet et un autre qui a eu la jambe cassée.

Dario avait écouté avec passion, car ces chasses au renard étaient le grand plaisir de Rome, la joie de la galopade au travers de cette Campagne romaine si plate et si hérissée d’obstacles pourtant, la joie de déjouer les ruses du renard que les chiens traquent, ses continuels