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et j’ai lu son testament dans son dernier regard. Je ne suis qu’un exécuteur… Ce qui s’est passé ? mais tout ce dont je souffre, tout ce que je crie depuis quatre mois, cette abomination qui nous entoure et qui doit finir !

Un silence se fit. Dans l’ombre, les deux frères en présence se regardaient. Et Pierre alors comprit, vit Guillaume changé, tel que le terrible souffle de contagion révolutionnaire, passant sur Paris, l’avait fait. Cela était parti de la dualité qui le rendait contradictoire : le savant d’une part, tout à l’observation et à l’expérience, d’une logique prudente devant la nature ; d’autre part le rêveur social, hanté de fraternité, d’égalité, de justice, exigeant le bonheur universel, dans un brûlant besoin de tendresse. Ainsi était né d’abord l’anarchiste théorique, ce mélange de science et de chimère, la société humaine rendue à la loi d’harmonie des mondes, chaque homme libre dans l’association libre, régie par le seul amour. Théophile Morin, avec Proudhon et Comte, Bache, avec Saint-Simon et Fourier, n’avaient pu satisfaire son désir d’absolu, tous les systèmes lui apparaissant imparfaits et chaotiques, s’exterminant les uns les autres, aboutissant à la même misère de vivre. Janzen seul le satisfaisait parfois, par ses mots brefs, qui dépassaient l’horizon, tels que des flèches terribles conquérant la totalité de la terre à la famille humaine. Puis, dans ce grand cœur que l’idée de la misère bouleversait, que l’injuste souffrance des petits et des pauvres exaspérait, l’aventure tragique de Salvat venait de tomber comme un ferment de suprême révolte. Pendant de longues semaines, il avait vécu les mains fiévreuses, la gorge serrée d’une angoisse croissante : cette bombe de Salvat dont l’ébranlement le secouait encore, les journaux d’une cupidité sans pardon qui s’étaient acharnés sur le misérable ainsi que sur une bête enragée, l’homme traqué, chassé au Bois, galopant, tombant aux mains de la police, boueux et mourant de