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remportait le soir, à la Comédie, dans Polyeucte. Le journaliste, pour lui être agréable, le lui avait même communiqué ; de sorte que, ravie, elle comptait bien maintenant le lire imprimé dans le plus grave des journaux.

— Grand Dieu ! qu’allons-nous devenir ? murmura le député lamentable. Il faut absolument que cet article passe.

— Dame ! je veux bien, moi. Parlez-en vous-même au patron… Tenez ! il est là-bas debout, entre Vignon et le ministre de l’Instruction publique, Dauvergne.

— Certainement, je lui parlerai… Mais pas ici. Tout à l’heure, à la sacristie, pendant le défilé… Et je tâcherai aussi de parler à Dauvergne, parce que notre Silviane tient absolument à ce qu’il occupe la loge des Beaux Arts, ce soir Monferrand y sera, il l’a promis à Duvillard.

Massot se mit à rire, répétant le mot qui avait couru Paris, après l’engagement de l’actrice.

— Le ministère Silviane… Il doit bien ça à sa marraine.

Mais la petite princesse de Harth, qui arrivait en coup de vent, tomba au milieu des trois hommes.

— Vous savez que je n’ai pas de place, cria-t-elle.

Dutheil crut qu’il s’agissait de trouver là une chaise, bien placée.

— Ne comptez pas sur moi, j’y renonce. Je viens d’avoir toutes les peines du monde à caser la duchesse de Boisemont et ses deux filles.

— Eh ! je parle de la représentation de ce soir… Mon bon Dutheil, il faut absolument que vous me fassiez donner un petit coin, dans une loge. J’en mourrai, c’est certain, si je ne puis applaudir notre incomparable, notre délicieuse amie.

Depuis la veille, depuis qu’elle avait mis Silviane à sa