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de verdure qui fût resté. Un banc vermoulu s’y trouvait encore, adossé aux lilas. Et le grand Paris, en face, déroulait la mer sans fin de ses toitures, légères et fraîches sous le soleil matinal.

Tous deux s’étaient assis. Mais, au moment de parler, de la questionner, il éprouvait une brusque gêne, tandis que son pauvre cœur battait violemment, à la voir si jeune, si adorable, avec ses bras nus.

— La date approche, finit-il par dire, c’est pour notre mariage.

Et, à ce mot, comme elle pâlissait légèrement, inconsciemment peut-être, il se sentit glacé lui-même. N’avait-elle pas eu un pli douloureux de la bouche ? ses yeux, si francs et si clairs, ne s’étaient-ils pas troublés d’une ombre ?

— Oh ! nous avons encore du temps devant nous.

Il reprit, d’une voix lente, très affectueuse :

— Sans doute, pourtant il va falloir s’occuper des formalités. Ce sont des ennuis dont il vaut mieux que je vous parle aujourd’hui, pour ne plus avoir à y revenir.

Doucement, il continua, insista sur ce qu’ils allaient avoir à faire, sans la quitter du regard, guettant sur son visage les émotions que l’échéance prochaine pouvait y faire monter. Elle était devenue silencieuse, la face immobile, les mains sur les genoux, ne donnant aucun signe certain de regret ni de peine. Pourtant, elle restait comme accablée, simplement obéissante.

— Ma chère Marie, vous vous taisez… Est-ce que quelque chose vous déplairait ?

— À moi, oh ! non, non !

— Vous savez que vous pouvez parler franchement. Nous attendrons encore, si vous avez une raison personnelle pour que la date soit de nouveau reculée.

— Mais, mon ami, je n’ai aucune raison. Quelle raison