Page:Zola - Les Trois Villes - Paris, 1898.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si simple qu’il partît seul ? Il retournait à l’exil, comme à une misère, à une douleur depuis longtemps connue, en Juif errant de la liberté, que son martyre légendaire pousse éternellement par le vaste monde.

À dix heures, dans la petite rue endormie, lorsqu’il prit congé de ses hôtes, des larmes noyèrent ses yeux.

— Ah ! je ne suis plus jeune, c’est fini cette fois, je ne reviendrai pas, mes os vont dormir là-bas, dans quelque coin.

Mais, après avoir embrassé tendrement Guillaume et Pierre, il eut un redressement de toute son indomptable et fière personne, il jeta un suprême cri d’espoir.

— Bah ! qui sait ? le triomphe est pour demain peut-être, l’avenir est à qui le fait et l’attend !

Et il avait disparu, que, longtemps encore, on entendit le bruit sonore et ferme de ses pas se perdre au loin, dans la nuit claire.