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terre détrempée par les dernières pluies. Ensuite, ce fut un petit chemin couvert, un de ces délicieux chemins d’amoureux, ombragés comme des berceaux, qu’il put suivre assez longtemps, à l’abri des regards, repris d’espoir. Mais il déboucha dans une de ces terribles avenues, larges et droites, où roulaient des bicyclettes, des équipages, le train mondain de l’après-midi doux et voilé. Et il rentra dans les fourrés, tomba de nouveau sur des gardes, acheva de perdre toute direction et même toute pensée, ne fut plus qu’une masse lancée, ballottée au gré de la poursuite qui le serrait, l’enveloppait de minute en minute. Rien n’existait plus que le besoin de galoper, de galoper sans cesse, toujours plus fort. Des étoiles de carrefours se succédaient, il traversa une grande pelouse, où la pleine lumière lui donna comme un éblouissement. Là, tout d’un coup, il avait senti le souffle ardent de la chasse sur sa nuque, des haleines voraces qui le mangeaient déjà. Des cris retentissaient, une main avait failli le saisir, une ruée de corps piétinaient, se bousculaient dans le vent de sa course. Et, par un suprême effort, il sauta, rampa, se redressa, se trouva de nouveau seul, parmi les jeunes et calmes verdures, galopant, galopant.

C’était la fin. Il faillit culbuter. Ses pieds brisés ne le portaient plus, ses oreilles saignaient, de l’écume lui souillait la bouche. Un grand souffle de tempête soulevait ses côtes, comme si les bonds de son cœur allaient les briser. Il ruisselait d’eau et de sueur, fangeux, hagard, dévoré de faim, vaincu plus encore par la faim que par la fatigue. Et, dans le brouillard qui peu à peu noyait ses yeux fous, il vit soudain la porte d’une remise ouverte, derrière une sorte de chalet, caché dans les arbres. Personne n’était là, qu’un gros chat blanc qui prit la fuite. Il s’y engouffra, alla rouler dans de la paille, parmi des tonneaux vides. Et il y était à peine enfoui, qu’il entendit galoper, galoper la chasse, les agents et les