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présence à la tête de l’Université n’étonnerait pourtant pas trop… Il y a bien Dauvergne.

Surpris, Monferrand s’exclama.

— Qui ça, Dauvergne ?… Ah ! oui, Dauvergne, le sénateur de Dijon… Mais il ignore tout de l’Université, il n’a pas la moindre aptitude.

— Dame ! reprit Fonsègue, je cherche… Dauvergne est bien de sa personne, grand, blond, décoratif. Et puis, vous savez qu’il est immensément riche, qu’il a une jeune femme délicieuse, ce qui ne gâte rien, et qu’il donne de vraies fêtes, dans son appartement du boulevard Saint-Germain.

Lui-même n’avait risqué d’abord le nom qu’en hésitant. Mais, peu à peu, son choix lui apparaissait comme une vraie trouvaille.

— Attendez donc ! je me souviens que Dauvergne, dans sa jeunesse, a fait jouer à Dijon une pièce, un acte en vers. Et c’est une ville littéraire que Dijon, ça lui donne tout de suite un petit parfum de belles-lettres. Sans compter que, depuis vingt ans, il n’y a pas remis les pieds et qu’il est un Parisien déterminé, répandu dans tous les mondes… Dauvergne fera tout ce qu’on voudra. Je vous dis que c’est notre homme.

Duvillard déclara qu’il le connaissait et qu’il le trouvait très bien. D’ailleurs, lui ou un autre !

— Dauvergne, Dauvergne, répétait Monferrand. Mon Dieu, oui ! après tout. Il fera peut-être un très bon ministre. Va pour Dauvergne.

Puis, tout d’un coup, il éclata d’un gros rire.

— Alors, voilà que nous refaisons le cabinet pour que cette aimable dame entre à la Comédie ! Le cabinet Silviane… Voyons, et les autres portefeuilles ?

Il plaisantait, sachant que la gaieté hâte souvent les solutions difficiles. Et, en effet, ils continuèrent à régler avec enjouement les détails de ce qu’il y aurait à faire, si