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peu, très amusé par cette allusion à la dénonciation nouvelle de la Voix du Peuple.

— Ne plaisantez pas, dit tout bas Fonsègue, qui voulut s’égayer, lui, à le terrifier un peu. Ça va très mal.

Dutheil devint pâle, vit le commissaire de police et Mazas. Ça le prenait par crises, comme les coliques. Mais, dans son manque ingénu de tout sens moral, il se rassurait, se remettait à rire aussitôt. Que diable ! la vie était bonne.

— Bah ! répliqua-t-il gaiement, en clignant l’œil du côté de Duvillard, le patron est là.

Celui-ci, content, lui avait serré les mains, l’avait remercié, en disant qu’il était un gentil garçon. Et, se tournant vers Fonsègue :

— Dites donc, vous en êtes, ce soir. Oh ! il le faut, je veux quelque chose d’imposant, autour de Silviane. Dutheil représentera la Chambre, vous le journalisme, moi la finance…

Il s’interrompit brusquement, en voyant arriver Gérard, qui, sans hâte, l’air sérieux, s’ouvrait un discret passage, au travers des jupes. Il l’appela du geste.

— Gérard, mon ami, il faut que vous me rendiez un service.

Puis, il lui conta la chose, l’acceptation si désirée du critique influent, le dîner qui allait décider de l’avenir de Silviane, le devoir où étaient tous ses amis de se grouper autour d’elle.

— Je ne peux pas, répondit le jeune homme embarrassé, je dîne chez ma mère, qui était un peu souffrante ce matin.

— Votre mère est trop raisonnable pour ne pas comprendre qu’il y a des affaires d’une gravité exceptionnelle. Retournez vous dégager, contez-lui une histoire, dites-lui qu’il y va du bonheur d’un ami.

Et, comme Gérard faiblissait :