Page:Zola - Les Trois Villes - Paris, 1898.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

santant avec Rosemonde, lui-même se mit à l’aise, en joueur qui n’avait jamais perdu, ayant toujours su vaincre la fortune, même aux heures de trahison. Et, tout de suite, il montra la liberté de son esprit, en causant administration avec la baronne.

— Avez-vous vu enfin monsieur l’abbé Froment, pour ce vieillard, ce Laveuve qu’il nous a si chaudement recommandé ?… Vous savez que toutes les formalités sont remplies et qu’on peut nous l’amener, car nous avons un lit vacant depuis trois jours.

— Oui, je sais, mais j’ignore ce que l’abbé Froment est devenu, voici plus d’un mois qu’il n’a donné signe d’existence. Et je me suis décidée à lui écrire hier, en le priant de venir aujourd’hui à ma vente… De cette façon, je lui annoncerai la bonne nouvelle moi-même, de vive voix.

— C’est bien pour vous en laisser la joie, que je ne l’ai pas averti, administrativement… Un charmant prêtre, n’est-ce pas ?

— Oh ! charmant, nous l’aimons beaucoup.

Duvillard intervint, pour dire qu’on ne devait pas attendre Dutheil, car il avait reçu une dépêche du jeune député, qu’une brusque affaire retenait. L’inquiétude reprit Fonsègue, dont les yeux de nouveau interrogèrent le baron. Mais celui-ci, qui souriait, voulut bien le rassurer, en lui disant à demi-voix :

— Rien de grave. Une commission pour moi, une réponse qu’il ne pourra m’apporter que tout à l’heure.

Puis, l’emmenant à l’écart :

— À propos, n’oubliez pas d’insérer la note que je vous ai recommandée.

— Quelle note ? Ah ! oui, cette soirée où Silviane a dit une pièce de vers… Je voulais vous en parler. Ça me gêne un peu, à cause des éloges extraordinaires qu’elle contient.