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Et le voyage continua, le train roula, roula toujours. À Sainte-Maure, on dit les prières de la messe, et l’on chanta le Credo, à Saint-Pierre-des-Corps. Mais les exercices de piété n’étaient plus si goûtés, le zèle se ralentissait un peu, dans la fatigue croissante de ce retour, après une si longue exaltation des âmes. Aussi sœur Hyacinthe comprit-elle qu’une lecture serait une récréation heureuse, pour tous ces pauvres gens surmenés ; et elle promit qu’elle permettrait à monsieur l’abbé de leur lire la fin de la vie de Bernadette, dont il leur avait déjà, à deux reprises, conté de si merveilleux épisodes. Mais on attendrait les Aubrais, on aurait près de deux heures des Aubrais à Étampes, tout le temps nécessaire d’achever l’histoire sans être dérangé.

Les stations, alors, se succédèrent de nouveau, dans la répétition monotone de ce qu’on avait fait en allant à Lourdes, au travers des mêmes plaines. On recommença le rosaire à Amboise, on dit le premier chapelet, les cinq mystères joyeux ; puis, après avoir chanté à Blois le cantique « Bénis, ô tendre Mère », on récita à Beaugency le deuxième chapelet, les cinq mystères douloureux. Le soleil, dès le matin, s’était voilé d’un fin duvet de nuages, la campagne fuyait très douce et un peu triste, dans son continuel mouvement d’éventail. Aux deux bords de la voie, sous la lumière grise, les arbres, les maisons disparaissaient avec une légèreté vague de rêve ; tandis que les