Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/529

Cette page n’a pas encore été corrigée

Trouville jusqu’au vingt, comme mon mari le désire, nous irons vous voir !

Et elle se tourna vers madame Volmar, silencieuse.

— Venez donc aussi, vous. Ce serait si drôle de se retrouver toutes là-bas !

La jeune femme eut un geste lent, en répondant de son air d’indifférence lasse :

— Oh ! moi, c’est fini, le plaisir. Je rentre.

Ses yeux, de nouveau, se rencontrèrent avec ceux de Pierre, qui était resté près de ces dames ; et il crut la voir se troubler une seconde, tandis qu’une expression d’indicible souffrance passait sur sa face morte.

Les sœurs de l’Assomption arrivaient, ces dames les rejoignirent devant le fourgon de la cantine. Ferrand, venu en voiture avec les religieuses, y monta d’abord, puis aida sœur Saint-François à franchir le haut marchepied ; et il resta debout, au seuil de ce fourgon, transformé en cuisine, où se trouvaient les provisions pour le voyage, du pain, du bouillon, du lait, du chocolat ; pendant que sœur Hyacinthe et sœur Claire des Anges, demeurées sur le trottoir, lui passaient sa petite pharmacie, ainsi que d’autres paquets, de menus bagages.

— Vous avez bien tout ? lui demanda sœur Hyacinthe. Bon ! maintenant, vous n’avez qu’à vous coucher dans votre coin et à dormir, puisque vous vous plaignez qu’on ne vous utilise pas.

Ferrand se mit à rire doucement.

— Ma sœur, je vais aider sœur Saint-François… J’allumerai le fourneau à pétrole, je laverai les tasses, je porterai les portions aux heures d’arrêt, marquées sur le tableau qui est là… Et, tout de même, si vous avez besoin de médecin, vous viendrez me chercher.

Sœur Hyacinthe s’était aussi mise à rire.

— Mais nous n’avons plus besoin de médecin, puisque toutes nos malades sont guéries !