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devant la porte des Messageries, à l’autre bout, des brancardiers maintenaient le passage libre, pour assurer le rapide transport des malades, qu’on allait amener. Et c’était, le long du large trottoir, une incessante promenade, un va-et-vient continu de pauvres gens effarés, de prêtres courant, se prodiguant, de messieurs en redingote, curieux et paisibles, tout un entassement de cohue, la plus mêlée, la plus bariolée qui se fût jamais coudoyée dans une gare.

À trois heures, le baron Suire se désespéra, plein d’inquiétude, parce que les chevaux manquaient, un grand arrivage inattendu de touristes ayant loué les voitures pour Barèges, Cauterets, Gavarnie. Enfin, il se précipita vers Berthaud et Gérard qui accouraient après avoir battu la ville ; mais tout marchait à merveille, affirmaient-ils : ils avaient raccolé les chevaux nécessaires, le transport des malades s’opérerait en d’excellentes conditions. Déjà, dans la cour, des équipes de brancardiers, avec leurs brancards et leurs petites voitures, guettaient les fourgons, les tapissières, les véhicules de toutes sortes, recrutés pour le déménagement de l’Hôpital. Une réserve de matelas et de coussins s’entassait au pied d’un bec de gaz. Et, comme les premiers malades arrivaient, le baron Suire perdit de nouveau la tête, tandis que Berthaud et Gérard se hâtaient de gagner le quai d’embarquement. Ils surveillaient, ils donnaient des ordres, au milieu de la bousculade croissante.

Alors, sur ce quai, le père Fourcade qui se promenait le long du train, au bras du père Massias, s’arrêta, en voyant venir le docteur Bonamy.

— Ah ! docteur, je suis heureux… Le père Massias, qui va partir, me parlait encore à l’instant de la faveur extraordinaire dont la sainte Vierge a comblé cette jeune fille si intéressante, mademoiselle Marie de Guersaint. Voilà des années qu’un miracle si éclatant n’avait eu lieu. C’est une insigne fortune pour nous tous, c’est une bénédiction