Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III


À Poitiers, dès que le train se fut arrêté, sœur Hyacinthe se hâta de descendre, au milieu de la cohue des hommes d’équipe qui ouvraient les portières et des pèlerins qui se précipitaient.

— Attendez, attendez, répétait-elle. Laissez-moi passer la première, je veux voir si tout est fini.

Puis, lorsqu’elle fut remontée dans l’autre compartiment, elle souleva la tête de l’homme, crut d’abord en effet qu’il avait passé, en le voyant si blême et les yeux vides. Mais elle sentit un petit souffle.

— Non, non, il respire. Vite, il faut se dépêcher.

Et, se tournant vers l’autre sœur, celle qui était à ce bout du wagon :

— Je vous en prie, sœur Claire des Anges, courez chercher le père Massias qui doit être dans la troisième ou la quatrième voiture. Dites-lui que nous avons un malade en grand danger, et qu’il apporte tout de suite les Saintes Huiles.

Sans répondre, la sœur disparut, parmi la bousculade. Elle était petite, fine et douce, l’air recueilli, avec des yeux de mystère, très active pourtant.

Pierre qui suivait la scène, debout dans l’autre compartiment, se permit une réflexion.

— Si l’on allait aussi chercher le médecin ?

— Sans doute, j’y songeais, répondit sœur Hyacinthe. Oh ! monsieur l’abbé, que vous seriez gentil d’y courir vous-même !