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ma belle demoiselle ! qu’elle vous guérisse de vos maladies, vous et les vôtres ! » Et cela les égaya de nouveau, ils repartirent en riant tous les trois, amusés comme des enfants par l’idée que c’était une chose faite, ce vœu de la brave femme.

À la Grotte, Marie voulut défiler immédiatement, pour donner elle-même le bouquet et les cierges, avant même de s’agenouiller. Il n’y avait pas encore grand monde, ils se mirent à la queue, passèrent au bout de trois ou quatre minutes. Et de quels regards extasiés elle examina tout, l’autel d’argent gravé, l’orgue-harmonium, les ex-voto, les herses ruisselantes de cire, flambantes dans le plein jour ! Cette Grotte qu’elle n’avait encore vue que de loin, de son chariot de misère, elle y entrait, elle y respirait, comme au paradis même, baignée dans une tiédeur et une bonne odeur, dont elle étouffait un peu, divinement. Quand elle eut déposé les cierges, au fond du grand panier, et qu’elle se fut grandie, pour accrocher le bouquet à une lance de la grille, elle baisa longuement le roc, en dessous de la sainte Vierge, à cette place que des millions de lèvres déjà avaient polie. Et ce fut, donné à cette pierre, un baiser d’amour où elle mit la flamme de la reconnaissance, un baiser où son cœur se fondait.

Dehors, ensuite, Marie se prosterna, s’anéantit dans un acte de remerciement sans fin. Son père s’était également agenouillé, près d’elle, mêlant à la sienne la ferveur de sa gratitude. Mais il ne pouvait faire longtemps la même chose, il devint peu à peu inquiet, finit par se pencher à l’oreille de sa fille, pour lui dire qu’il avait une course, dont il ne s’était plus souvenu tout à l’heure. Sûrement, le mieux était qu’elle restât là, en prière, à l’attendre. Pendant qu’elle achèverait ses dévotions, lui se dépêcherait, s’acquitterait de sa corvée ; et l’on se promènerait après, à l’aise, où l’on voudrait. Elle ne le comprenait, ne l’