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d’être davantage avec eux. Naturellement, il s’était précipité, poussant les persiennes, donnant du jour et de l’air.

— Et quel spectacle, monsieur l’abbé ! Notre pauvre tante sur son lit, à moitié violette déjà, la bouche béante sans pouvoir reprendre haleine, les mains égarées, crispées parmi les draps… Vous comprenez, c’est sa maladie de cœur… Venez, venez vite, monsieur l’abbé, pour l’assister, je vous en supplie !

Pierre, étourdi, ne retrouvait ni son pantalon, ni sa soutane.

— Sans doute, sans doute, je vais avec vous. Mais je ne puis l’administrer, je n’ai pas ce qu’il faut.

M. Vigneron l’aidait à se vêtir, s’accroupissait, en quête des pantoufles.

— Ça ne fait rien, votre vue seule l’aidera à passer, si Dieu nous réserve cette affliction… Tenez ! chaussez-vous d’abord, et suivez-moi, oh ! tout de suite, tout de suite !

Il repartit en coup de vent, s’engouffra dans la chambre voisine. Toutes les portes étaient restées grandes ouvertes. Le jeune prêtre, qui le suivait, ne remarqua dans la première pièce, obstruée d’un incroyable désordre, que le petit Gustave, demi-nu, assis sur le canapé où il couchait, immobile, très pâle, oublié et grelottant, au milieu de ce drame de la mort brutale. Des valises éventrées barraient le passage, des restes de charcuterie salissaient la table, le lit du père et de la mère semblait ravagé par la catastrophe, les couvertures tirées, jetées à terre. Et, tout de suite, dans la seconde chambre, il aperçut la mère, vêtue en hâte d’un vieux peignoir jaune, debout, l’air terrifié.

— Eh bien, mon amie ? eh bien, mon amie ? répéta M. Vigneron, bégayant.

D’un geste, sans répondre, madame Vigneron montra