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tapis merveilleux, dessiné à Blois, brodé par les Dames de la France entière, une palme d’or, ornée d’émaux, envoyée par le Souverain Pontife. Les lampes qui descendaient des voûtes étaient également des cadeaux, quelques-unes d’or massif, du travail le plus délicat. Elles ne se comptaient plus, elles étoilaient la nef, comme des astres précieux. Devant le tabernacle, il y en avait une, offerte par l’Irlande, un chef-d’œuvre de ciselure. D’autres, celle de Valence, celle de Lille, celle de Macao, envoyée celle-ci du fond de la Chine, étaient de véritables joyaux, étincelants de pierreries. Et quel resplendissement, lorsque les vingt lustres du chœur étaient allumés, lorsque les centaines de lampes, les centaines de cierges brûlaient à la fois, aux grandes cérémonies du soir ! Alors, l’église entière s’embrasait, toutes ces petites flammes de chapelle ardente se reflétaient en mille feux dans les milliers de cœurs d’or et d’argent. C’était un brasier extraordinaire, les murs ruisselaient de flammèches vives, on entrait dans la gloire aveuglante du paradis ; tandis que les bannières sans nombre déroulaient de tous côtés leur soie, leur satin et leur velours, brodés de Cœurs saignants, de Saints victorieux, de Vierges dont le bon sourire enfantait des miracles.

Ah ! cette Basilique, que de cérémonies déjà y avaient développé leur pompe ! Jamais le culte, jamais la prière et les chants n’y cessaient. D’un bout de l’année à l’autre, l’encens fumait, les orgues grondaient, les foules agenouillées priaient de toute leur âme. C’étaient les messes continuelles, c’étaient les vêpres, et les prônes, et les bénédictions, et les exercices journellement recommencés, et les fêtes célébrées avec une magnificence sans égale. Les moindres anniversaires devenaient des prétextes à solennités fastueuses. Chaque pèlerinage devait avoir sa part d’éblouissement. Ces souffrants et ces humbles venus de si loin, il fallait bien les renvoyer consolés, ravis,