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des certificats qu’il contenait, il se passionna.

— Voici qui est très intéressant, messieurs. Je vous prie d’écouter avec attention… Mademoiselle, que vous voyez là, debout, était atteinte d’une très grave lésion de la moelle. Et, si l’on avait le moindre doute, ces deux certificats suffiraient à convaincre les plus incrédules, car ils sont signés par deux médecins de la Faculté de Paris, dont les noms sont bien connus de tous nos confrères.

Il fit passer les certificats aux médecins présents, qui les lurent avec de légers hochements de tête. Cela était indéniable, les signataires avaient la réputation de praticiens honnêtes et habiles.

— Eh bien ! messieurs, si le diagnostic n’est pas contesté, et ne peut pas l’être, quand une malade nous apporte des documents de cette valeur, nous allons voir maintenant les modifications qui se sont produites dans l’état de mademoiselle.

Mais, avant de l’interroger, il se tourna vers Pierre.

— Monsieur l’abbé, vous êtes venu de Paris avec mademoiselle de Guersaint, je crois. Est-ce que vous aviez pris l’avis des médecins, avant le départ ?

Le prêtre sentit un frémissement, dans sa grande joie.

— J’ai assisté à la consultation, monsieur.

Et la scène, de nouveau, s’évoquait. Il revit les deux docteurs graves et raisonnables, il revit Beauclair qui souriait, pendant que ses confrères rédigeaient leurs certificats conformes. Allait-il donc mettre ceux-ci à néant, faire connaître l’autre diagnostic, celui qui permettait d’expliquer scientifiquement la guérison ? Le miracle était prédit, ruiné à l’avance.

— Vous le remarquerez, messieurs, reprit le docteur Bonamy, la présence de monsieur l’abbé apporte à ces preuves une nouvelle force… Maintenant, mademoiselle va nous dire bien exactement ce qu’elle a ressenti.

Il s’était penché sur l’épaule du père Dargelès, il lui