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sans doute, et dès lors la pesanteur dans le bas-ventre et dans les reins, la faiblesse des jambes allant jusqu’à la paralysie ; puis, la lente réparation des désordres, l’organe se remettant en place de lui-même, les ligaments se cicatrisant, sans que les phénomènes douloureux pussent cesser, chez cette grande enfant nerveuse dont le cerveau, frappé de l’accident, ne parvenait pas à s’en distraire, l’attention localisée sur le point où elle souffrait, immobilisée, incapable d’acquérir des notions nouvelles ; de sorte que, même après la guérison, la souffrance avait persisté, un état névropathique, un épuisement nerveux consécutif, sans doute aggravé par des accidents de nutrition, mal connus encore. Aussi Beauclair expliquait-il aisément les diagnostics contraires et faux des nombreux médecins qui l’avaient soignée, sans se permettre la visite indispensable, marchant dès lors à tâtons, les uns croyant à une tumeur, les autres, les plus nombreux, convaincus d’une lésion de la moelle. Lui seul, après s’être enquis de l’hérédité de la malade, venait de soupçonner le simple état d’auto-suggestion où elle se maintenait obstinément, sous l’ébranlement, la violence première de la douleur ; et il donnait ses raisons, le champ visuel rétréci, les yeux fixes, le visage absorbé, distrait, la nature surtout de la souffrance qui avait quitté l’organe pour se porter vers l’ovaire gauche, où elle se manifestait par un poids écrasant, intolérable, qui parfois remontait jusqu’à la gorge, en affreuses crises d’étouffement. Une volonté brusque de se dégager de la notion fausse de son mal, une volonté de se lever, de respirer librement, de ne plus souffrir, pouvait seule la remettre debout, guérie, transfigurée, sous le coup de fouet d’une grande exaltation.

Une dernière fois, Pierre tenta de ne plus voir, de ne plus entendre, car il sentait que c’était en lui la ruine irréparable du miracle. Et, malgré ses efforts, malgré l’ardeur qu’il mettait à crier : « Jésus, fils de David, guérissez